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Photo du rédacteurLaurence Lépine

La vie a-t-elle un sens ?

Notes de la conférence de Frédéric Lenoir et Alexandre Jollien, 6 décembre 2019

Frédéric Lenoir

On naît emprisonné, conditionné par notre famille, notre religion, notre culture, par un certain déterminisme psychique, etc. Ces conditionnements créent notre « vibration de départ », notre blessure originelle. Le but de la vie, c’est de se libérer de ces conditionnements pour accéder à l’amour et à la liberté, en d’autres mots, pour passer de la peur à l’amour, de l’inconscience à la conscience.

Tant qu’on n’a pas compris le sens de notre blessure, la vie nous la ressert régulièrement. IL est nécessaire de se poser la question : quelle est ma vibration de départ, quelle est ma blessure ? Puis de travailler sur soi, car sinon on reste agi par ses émotions, elles influencent nos idées et contrôlent nos réactions. Nous sommes alors à la merci des démagogues qui nous manipulent en jouant avec nos émotions.

Spinoza parlait de l’importance de « se libérer des passions » pour « passer de l’esclavage à la libération ».

Il est nécessaire de se transformer soi si on veut transformer le monde. Gandhi disait « incarne le changement que tu veux voir dans le monde ». Et pour cela il est nécessaire de laisser aller l’illusion de l’égo auquel on s’identifie.


Alexandre Jollien

« Aime-t-on vraiment la vie ? Lui dit-on oui à bras ouverts ? Qu’est-ce qu’on refuse dans la vie ? »

IL faut accepter le tragique de la vie, accepter qu’une partie de nous reste inconsolable, dire oui à la blessure originelle, à la solitude, au « Samsara », le cycle incessant de la souffrance chez les bouddhistes), accepter que la vie est « sans espoir », qu’il y aura toujours quelque chose « qui grince ».

A partir de là, il faut travailler à être en « grande santé » (Nietzche), c’est-à-dire tout considérer comme une nourriture : de quoi je me nourris physiquement, intellectuellement, affectivement ?

Et aussi s’autoriser à être totalement soi : « n’ayons pas peur d’être totalement nous-même, et autorisons l’autre à être complètement lui-même ». Se donner aux autres avec exigence, vérité.


Frédéric Lenoir

On naît dans la peur. Ce sont les parents, à travers leur amour, qui aident l’enfant à développer sa confiance. Le problème c’est que cet amour est imparfait, et que certaines peurs persistent.

IL va nous falloir apprendre à passer de l’amour conditionnel (le mythe de Carmen : « "je t’aime, mais si tu ne m’aimes pas, ou si tu me quittes, je te tue ») à l’amour inconditionnel, celui qui n’attend rien, n’exige rien, qui aime « malgré tout ».

L’amour inconditionnel a la capacité de tout guérir, grâce au phénomène de la résilience. Pour Boris Cyrulnik, on ne peut être résilient que si on a été aimé au moins une fois dans sa vie de manière inconditionnelle.

C’est la même chose pour la vie : il faut l’aimer dans tout ce qu’elle est !


Alexandre Jollien

Notre travail est de traquer toutes nos illusions, avec intransigeance et tendresse, une infinie douceur pour tout ce qu’on trimbale, nos névroses, etc. Cultiver l’envie de progresser, d’évoluer comme s’il n’y avait pas d’autres choix.

Pendant des années, A. Jollien fut fasciné par le « corps parfait » d’un homme rencontré lors d’un périple en Corée. Avec humour et vulnérabilité, il raconte être devenu totalement « accroc à cette paire de fesses », il avait besoin de sa « dose » quotidienne. Ce corps magnifique venait à la fois combler le désamour de son propre corps, tout en réactivant à chaque fois la blessure de son handicap. En nous partageant l’immense détresse de la dépendance affective, la solitude abyssale qu’elle implique, il montre combien la volonté n’y peut rien, que la guérison passe par l’amour total et inconditionnel de soi. C’est la spiritualité qui l’a aidé à mettre du sens sur son handicap, sur toutes les blessures d’humiliation et d’ostracisation qui lui sont attachées : « la spiritualité peut libérer tout l’être vivant ».

« Accueillir la blessure de l’autre sans la juger, ressentir humilité, compassion pour les combats que chacun mène et qu’on ne soupçonne pas » (Chögyam Trungpa, maître bouddhiste), accueillir l’autre dans ses blessures les plus inavouables.

IL n’y a pas de baguette magique pour guérir les blessures de l’enfance. Au quotidien, cela demande une ascèse, et d’accepter que tout ne soit pas parfait.


Frédéric Lenoir

Lâcher l’injonction au bonheur de notre société qui créé une sorte de pression à être heureux à tout prix, la spiritualité devenant alors un autre produit à consommer, le travail sur soi, une autre forme d’addiction à travers l’accumulation de stages de développement personnel et autres techniques pour « aller bien ».

Au contraire, aller vers l’acceptation de nos fragilités, vivre avec son ombre, apprendre à s’aimer dans sa totalité, même ces parties de soi qu’on rejette.

Pour sortir de la dépendance affective, ce n’est ni la raison, ni la volonté qui guérit, c’est le désir. Il faut susciter un nouveau désir qui nous donne envie de quitter un affect négatif, de remplacer une passion malheureuse par une passion joyeuse.

Tout ce qui est extérieur est provisoire, pour trouver vraiment le bonheur, il faut aller chercher à l’intérieur, travailler sur soi.

Frédéric Lenoir nous partage ce conte soufi :

Il était une fois, un vieil homme assis à l’entrée d’une ville du Moyen Orient. Un jeune homme s’approcha et lui demanda - « Je ne suis jamais venu ici, comment sont les gens qui vivent dans une ville ? » Le vieil homme lui répondit par une question : - « Comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? ». « Egoïstes et méchants... C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’étais bien content de partir » dit le jeune homme. Et le vieillard de répondre : « Tu trouveras les mêmes gens ici ». Un peu plus tard, un autre jeune homme s’approcha et lui posa exactement la même question. « Je viens d’arriver dans la région, comment sont les gens qui vivent dans cette ville ? ». « Dis-moi, mon garçon, comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ? ». « Ils étaient bons et accueillants, honnêtes, j’y avais de bons amis, j’ai eu beaucoup de mal à la quitter », répondit le jeune homme. « Tu trouveras les mêmes ici » répondit le vieil homme. Un marchand qui faisait boire ses chameaux à côté avait entendu les deux conversations. Dès que le deuxième jeune homme s’éloigna, il s’adressa au vieillard sur un ton de reproche : « Comment peux-tu donner deux réponses complètement différentes à la même question posée par deux personnes ? ». « Mon fils, dit le vieil homme, celui qui ouvre son cœur change aussi son regard sur les autres. Chacun porte son univers dans son cœur ».

Si on veut être plus heureux, ce n’est pas le monde qu’il faut changer, c’est son regard.


S’interroger sur le sens de la vie est le propre de l’être humain. Et s’interroger sur le sens de la vie, c’est s’interroger sur le sens de la mort. Les témoignages de personnes ayant vécu des EMI (expérience de mort imminente) ont tous ceci de commun : ils ont quitté leur corps et ont contacté un amour inconditionnel.

En Occident, on oppose la mort à la vie ; en Orient on oppose la mort à la naissance, chacune étant un passage entre deux mondes.


Alexandre Jollien

La mort est associée à la peur de perdre un proche. Mais les gens ne nous appartiennent pas. Oui c’est dur de perdre un proche, mais il y a aussi des morts paisibles, ce n’est pas forcément dramatique la mort.

En attendant « vivre chaque jour comme si c’était le premier et le dernier ».


Frédéric Lenoir

Qu’est-ce que le détachement ? Peut-on aimer sans s’attacher ?

L’attachement relève du cœur et le détachement de l’esprit. Ainsi on peut s’attacher de tout notre cœur à quelqu’un, sans vouloir ni le contrôler, ni le maîtriser, ni le posséder.

Le détachement : l’autre ne m’appartient pas, ça me dépasse, c’est plus grand que moi. Si l’autre me quitte, je peux souffrir dans mon cœur car j’y suis attaché ET me réjouir car je sais qu’il sera plus heureux sans moi.

On peut être attaché par le cœur tout en étant détaché par l’esprit.


Alexandre Jollien

Le bonheur n’est pas ligoté à quelque chose ou à quelqu’un.

La liberté c’est ne plus donner la télécommande de notre bonheur aux évènements extérieurs.


La vraie question : qu’est-ce qui nous met réellement en joie ? Trois piliers :

1. une pratique spirituelle : quel soutien on reçoit quand on est dans l'intériorité !

2. des amis sur qui on peut compter qui nous font grandir et nous épaulent, et réciproquement

3. la pratique de la générosité : le matin au réveil, demande-toi à qui tu veux faire plaisir (puis passe à toi)


FIN

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